J’ai eu l’occasion de représenter l’association XMP-Consult lors du forum Intermines du 27 novembre dernier, à l’Ecole des Mines de St-Etienne. Les élèves m’ont beaucoup questionné sur le conseil, et sur l’intérêt (ou non) de pratiquer ce métier dès la sortie de l’école.
La Revue des Ingénieurs des Mines m’a proposé d’écrire un article sur ce sujet, sous la forme d’un témoignage. Voici le texte que j’ai préparé.

 

« – Quelle est la différence entre un ingénieur consultant et un ingénieur en entreprise ?

− Le conseil m’intéresse, mais il paraît que c’est un milieu de requins…

− Est-ce une bonne idée de débuter sa carrière comme consultant ? »

Les questions ont été nombreuses lors du premier forum Intermines, le 27 novembre dernier à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne. Je représentais le groupe XMP-Consult, association de consultants issus des grandes écoles (Polytechnique, Mines, Ponts, …). Les élèves sont venus en nombre et plusieurs se sont arrêtés sur le stand de XMP-Consult, curieux ou attirés par le métier du conseil.

Vingt ans après ma sortie de l’école, les interrogations restent donc les mêmes. A l’époque, beaucoup souhaitaient déjà intégrer un cabinet de conseil, de préférence prestigieux. Pourtant, les questions demeurent : quelle légitimité peut avoir un consultant junior, tout juste sorti des rangs de l’école ? Quelle compétence, ou quelle expérience peut-il apporter à un client, souvent plus âgé et plus expérimenté que lui ?

J’ai donc pris plaisir à échanger avec ces élèves intéressés mais parfois dubitatifs. Et apporter un peu de ma propre expérience du métier de consultant. Dès la sortie de l’école, j’ai eu l’opportunité de débuter dans un cabinet de conseil. Un ancien des Mines de Paris, Philippe Rinaudo (P83), m’a donné ma chance, en m’embauchant dans le cabinet de conseil en organisation industrielle qu’il venait de créer à Lyon. C’est donc dans un tout petit cabinet provincial que j’ai fait mes premières armes de consultant. La simplicité de la structure m’a rapidement permis d’être en contact direct avec les clients, y compris en avant-vente.

Désireux de découvrir l’envers du décor, et l’organisation d’un grand groupe industriel international, j’ai ensuite été recruté par Michelin. Dans le service « Organisation », le métier était finalement assez proche de celui d’un consultant externe, avec peut-être moins d’exigences sur les délais, et sans doute aussi moins d’indépendance de jugement. J’ai par contre eu l’opportunité de travailler à l’étranger, notamment en Chine pendant 3 ans, et mesurer l’importance du culturel dans les relations professionnelles.

De retour en France en 2010, je suis à nouveau sollicité par Philippe Rinaudo. Son entreprise Creative IT a grandi, et je suis appelé à diriger une équipe de consultants, dans le domaine des systèmes d’information industriels (applications MES). La dominante management est alors plus prégnante, dans un domaine en pleine évolution, et un besoin de développement des connaissances assez fort. Passé 40 ans, fort de cette vingtaine d’années d’expérience, je me sens prêt pour sauter dans le grand bain, et je crée FL Consultant au début de l’année 2017.

Qu’apporter comme réponses à ces jeunes élèves, qui s’interrogent sur l’opportunité d’un début de carrière en cabinet de conseil ? Y a-t-il seulement une bonne réponse ? Je connais de nombreuses personnes qui trouvent aberrant d’employer de jeunes ingénieurs, tout juste sortis de l’école, dans le métier du conseil. Ce n’est pas mon avis. En effet, de nombreuses missions peuvent être menées par des juniors dans un cabinet (recherche documentaire, recueil et analyse de données, participation aux groupes de travail, …). Et ils apportent souvent du renouveau, dans l’approche méthodologique, relationnelle ou technique. Il ne s’agit certes pas d’être le conseiller spécial du Directeur Général, mais d’être un des rouages d’une équipe consultants-client, être acteur de la résolution d’une problématique ou d’une ambition.

Parler du métier du consultant est finalement un abus de langage. Il existe plusieurs métiers, ou plusieurs styles de conseil. Sauf exception, on voit mal un jeune diplômé devenir consultant indépendant. A partir de quel réseau, et avec quelles références construirait-il sa clientèle ? Les grands cabinets de management internationaux attirent toujours, dès la sortie de l’école, comme une continuité de cette « voie royale » engagée dès les classes préparatoires… Je n’ai pas cette expérience, et je ne doute pas qu’elle apporte une méthodologie et un carnet d’adresse profitables, de même qu’elle nécessite un engagement personnel important. Mais outre la rareté des places, cette approche un peu élitiste est-elle toujours dans l’air du temps ?

Un autre risque, guette le consultant junior. De nombreuses compagnies externalisent certains de leurs services. Elles les sous-traitent à de grosses structures, qui placent leurs « consultants » en régie, à demeure chez le client. Est-ce toujours du conseil que d’être une ou deux années durant, intégré dans un même service chez le client, coupé de son cabinet et de son management ? N’est-ce pas plutôt de l’intérim de luxe ?

Il me semble qu’il existe une tierce voie, moins connue et peut-être moins valorisée. Je me félicite d’avoir débuté dans un petit cabinet de conseil. J’y ai beaucoup appris, de par la variété des métiers, des secteurs et des outils. Cette expérience m’aide également en tant que consultant indépendant : sans expérience initiale du conseil, il est plus dur de positionner son offre et de se vendre face à un client.

Un cabinet de petite ou moyenne taille, par son management souvent proche et parfois bienveillant, par sa souplesse organisationnelle, permet de trouver utilement sa place, et de rapidement participer à des projets passionnants. Et n’est-ce pas en phase avec ce que recherchent les « Millennials » : des missions ambitieuses, tout en étant supportés par un management proche et quasi-familial ?