Une gamme de fabrication est le mode opératoire décrivant la succession des étapes nécessaires à la réalisation d’un produit. Elle est liée à la nomenclature, qui est la liste et la quantité des composants à mettre en œuvre aux différentes étapes de la gamme.

Les ordres de fabrication lancés en production sont associées à une gamme, et précisent la quantité à produire, la date prévue, …

Un exemple de gamme

Pour appréhender simplement la notion de gamme, on peut la comparer à une recette de cuisine. Dans l’industrie agroalimentaire, les gammes sont justement appelées recettes. Prenons l’exemple d’une recette de pâtes à la carbonara :

Pâtes à la carbonara

Recette pour 4 personnes

Ingrédients : 500g de tagliatelles fraîches, 40 cL de crème fraîche, 250g de lardons, 4 jaunes d’œufs, 80g de parmesan, 35g de gros sel.

  1. Faire revenir les lardons dans une sauteuse. Une fois dorés, ajouter la crème fraîche, le parmesan, le poivre moulu et faire épaissir à feu moyen.
  2. Dans un grand faitout, faire bouillir 5 L d’eau avec le gros sel. Y plonger les pâtes pendant 2 min.
  3. Mélanger les pâtes égouttées à la sauce. Hors du feu, ajouter les jaunes d’œufs. Mélanger avant de servir.

On trouve dans l’en-tête le nom de la gamme, associé au produit fabriqué (le produit fini, ou composé), ainsi que la quantité nominale (pour 4 personnes) pour laquelle les quantités (coefficients) des différents ingrédients (ou composants) sont calculés. On parle de liens de nomenclature entre le composé et ses composants.

La gamme est ici découpée en 3 étapes, appelées usuellement opérations. Le mode opératoire de préparation y est décrit. Réaliser cette recette samedi prochain pour 6 personnes correspond à un ordre de fabrication associé à cette gamme.

Les éléments d’une gamme

Une gamme (ou recette, process, formule, … selon le secteur d’activité) comprend donc un en-tête, qui précise :

  • Le libellé ou la référence de la gamme
  • Sa version
  • Le produit fabriqué
  • Ses dates d’application
  • Des plans ou d’autres documents liés
  • Les tailles de lot de fabrication, de transfert

Puis suit une succession d’opérations, habituellement numérotées de 10 en 10 (afin de pouvoir en intercaler d’autres ultérieurement). Chacune de ces opérations comprend :

  • Un numéro (10,20,30,…)
  • Un libellé
  • Un poste de charge (ou une ressource) : il s’agit de l’unité de gestion qui est utilisée par l’opération, en lien avec une section comptable (coût horaire, de réglage, …) et un éventuel coefficient d’utilisation. Exemple : rectification, contrôle visuel, préparation matière, …
  • Des temps alloués (temps de préparation, temps de cycle, …)
  • Des outillages nécessaires
  • Des schémas ou des plans

Ces opérations peuvent être elles-mêmes découpées en sous-opérations. Dans la première opération de notre exemple, faire revenir les lardons peut représenter une première sous-opération. Ces sous-opérations sont parfois appelées phases (tel que le fait l’ERP SAP, par exemple).

Historiquement cependant, les premières gammes ont été écrites pour des opérations d’usinage, milieu dans lequel on a l’habitude d’appeler phases les opérations (pendant lesquelles la pièce n’est pas démontée de son outillage), les phases étant découpées en opérations, soit un vocabulaire inversé… A noter enfin que certains domaines ont leur vocabulaire propre : dans l’industrie du couteau par exemple, les opérations sont appelées rangs.

Les opérations d’une gamme peuvent être successives ou se faire en simultané. On parle de séquencement des opérations. Dans notre exemple, les deux premières opérations peuvent être réalisées en parallèle et être terminées avant de réaliser la troisième (selon un lien de type fin-début : la fin des opérations 1 et 2 autorise le début de l’opération 3). On obtient alors une représentation graphique du synoptique de la gamme :

Séquencement des opérations dans une gamme de fabrication

Les gammes peuvent être très synthétiques, limitées à la liste des opérations, leurs postes de charge et taux d’utilisation : on parle de gammes de gestion, voire de macro-gammes, utilisées pour la planification long terme. Elles peuvent à l’inverse être très détaillées, à destination du terrain : il s’agit de gammes opératoires, comme on en retrouve dans les outils de MES.

Arborescence des gammes

Dans notre exemple de recette de pâtes à la carbonara, les pâtes fraîches peuvent elles-mêmes avoir été préparées, grâce à une autre gamme, en amont. Elles sont alors un semi-fini, et non plus un composant. On parle de niveaux de nomenclature, qui peuvent être représentés sous la forme d’une arborescence :

Niveaux de nomenclature d'une gamme

Chacun des niveaux de nomenclatures peut être fabriqué ou acheté (make or buy). S’il est fabriqué, son mode opératoire de fabrication peut être :

  • inclus dans la gamme du produit fini principal : c’est le cas de la sauce carbonara. il s’agira alors d’en-cours de fabrication, non stocké (et souvent non géré par l’ERP). Il peut même s’agir d’un article fictif, ou fantôme, regroupement fonctionnel de composants sans véritable existence physique.
  • ou défini par une autre gamme : c’est le cas des pâtes fraîches. Il s’agira alors d’un semi-fini, géré dans l’ERP, et pouvant servir à d’autres gammes de production (des pâtes au pistou par exemple).

Le calcul des besoins est alors fait sur les niveaux de nomenclatures les plus élevés : en fonctions des demandes futures en pâtes à la carbonara, au pistou, …, il est possible de calculer les besoins en farine, œufs, sel, lardons, …

 
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