Il existe un vocabulaire varié concernant les temps opératoires, les temps alloués, ou les temps gamme, en production ou en logistique. Il convient d’être attentif et précis sur ce que peuvent recouvrir ces différentes notions. En effet, entre les temps bruts, ou temps secs, des mouvements ou opérations élémentaires, et ceux retravaillés qui permettront la planification ou la mesure de la performance, plusieurs traitements ou coefficients peuvent s’appliquer.

Temps mesuré, temps observé ou temps chronométré

C’est le temps mesuré directement sur le terrain, par chronométrage ou pendulage, ou grâce à des observations instantanées. Lors du dépouillement, certaines mesures aberrantes doivent être écartées pour ne pas polluer le résultat global. On peut par exemple utiliser la méthode des 6 sigma en supprimant toutes les mesures à plus de 3 écarts-types de la moyenne : les temps mesurés suivant une loi normale, plus de 99,7% des mesures doivent être à plus ou moins 3 écarts-types de la moyenne.

Ces temps sont entachés de variabilité statistique et de variabilité inter-personnelle (tous les opérateurs n’ont pas la même allure), qu’il va falloir traiter afin d’obtenir les temps standards.

Temps standard

Chaque opérateur ayant son allure propre, il faut se ramener à une mesure standard, proche de l’allure d’un opérateur moyen. Chaque mesure ou observation s’accompagne donc d’un jugement d’allure, qui permet de corriger et standardiser les temps observés. Ce jugement d’allure doit être effectué par une personne formée. Une allure jugée à 80 correspond à un opérateur plus lent que la moyenne. Une allure jugée à 120 correspond à un opérateur plus rapide que la moyenne. L’allure standard est à 100.

Le temps standard est donc obtenu grâce à la formule :

Tstandard = Tobservé × JA / 100

Le temps moyen standard d’une séquence de travail est calculé en faisant la moyenne de tous les temps standardisés. Un grand nombre de mesures permet de diminuer la variabilité statistique (cf. l’article sur le chronométrage pour plus de précision à ce sujet). Il s’agit du temps le plus représentatif de la séquence prise individuellement (ce sont les temps standards qui sont utilisés pour la construction de simogrammes).

Les temps issus de tables de temps prédéterminés sont directement des temps standards (à l’allure 100).

Temps alloué ou temps gamme

Les temps standards sont des temps individuels, instantanés. Ils ne prennent pas en compte les besoins de récupération, les contraintes environnementales, l’effet de la monotonie, les micro-aléas ou les tâches irrégulières non mesurées. On applique donc au temps standard des coefficients majorateurs, pour obtenir le temps alloué. Le Bureau des Temps Elémentaires (BTE) a en son temps publié des tableaux de coefficients majorateurs, qu’on peut aussi trouver dans la littérature spécialisée. Les majorations sont souvent comprises entre 10 et 40%. On a :

Talloué = Tstandard × ( 1 +  Coef. Maj. / 100 )

Le temps alloué est parfois appelé temps gamme car c’est le temps affecté, alloué, par le Bureau des Méthodes, aux opérations des gammes de fabrication. C’est la référence pour les équipes de production : calcul des primes, temps de cycle de référence (ou cadence nominale) pour le calcul du TRS, …

Note : dans la littérature anglo-saxonne, on trouve les termes Normal time pour le Temps standard, et Standard time ou Allowed time pour le Temps alloué.

Temps de cycle planifié

Pour planifier la production, le temps alloué n’est pas suffisant. En effet, différents arrêts limitent la production moyenne réalisable en pratique : arrêts pour maintenance, formation, pauses, changements de séries, pannes, … Le service ordonnancement applique donc un TRG cible pour obtenir le temps de cycle planifié, celui qu’on sait pouvoir tenir en moyenne pendant toute l’ouverture de l’atelier :

Tcycle planifié = Talloué ×  TRG cible / 100

Temps observé, temps standard, temps alloué, temps gamme et temps de cycle planifié

 
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